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Les douleurs au genou durant l’exercice du squat – syndrome rotulien ?

Dans cet article nous allons discuter du syndrome rotulien chez le sportif. Le syndrome rotulien aussi appelé syndrome fémoro-patellaire est une inflammation de la rotule du genou souvent difficile à diagnostiquer.

Nous allons voir dans un premier temps quels sont les symptômes du syndrome rotulien. Nous verrons ensuite de manière approfondie ses causes et ses origines. Enfin nous verrons comment est soigné le syndrome rotulien par les professionnels de santé en kinésithérapie.

Causes et origines du syndrome rotulien

Le syndrome rotulien provient la plupart du temps d’un déséquilibre entre les tensions musculaires des cuisses, des hanches et des fessiers.

Le déséquilibre des tensions musculaires se répercute ensuite sur la rotule qui, gênée dans son axe de fonctionnent, se déplace de manière anormale et frotte trop fortement sur les cartilages alentours.

Le syndrome rotulien touche le plus souvent les sportifs réalisant des mouvements répétitifs comme dans la course à pied ou la musculation. On constate souvent que le déséquilibre musculaire est provoqué par un muscle sur-sollicité et donc sur-développé par rapport aux autres muscles entrant dans la réalisation des mouvements en question.

Le syndrome rotulien peut également avoir pour origine un ou plusieurs muscles trop faibles par rapport à l’ensemble des autres muscles entrant dans la réalisation du mouvement de flexion du genou.

Il est possible de prendre comme exemple la course à pieds et le squat en musculation pour distinguer différents cas de figure :

  • Le squat : dans le cas du squat réalisé dans le cadre d’un entraînement de musculation ou d’haltérophilie, on peut observer ici de manière général d’une part un surdéveloppement du vaste interne de la cuisse (vaste médial) et d’autre part d’une faiblesse ou sous développement de l’extenseur du fascia lata, du fessier moyen ou encore du vaste externe (vaste latéral).

    Le syndrome rotulien est ici provoqué par des habitudes d’entraînement inadaptées à l’anatomie ou à la condition physique du pratiquant. En effet, la position des pieds en “10h10” peut provoquer à long termes un surdéveloppement du vaste interne. Également l’utilisation de chaussures de squat, permettant d’augmenter la sollicitation des quadriceps, en plus de cette position des pieds, peut également provoquer l’apparition du syndrome rotulien.

    Le fessier moyen, le fascia lata, le vaste latéral ou encore le piriforme peuvent ici être trop faibles pour compenser et maintenir l’équilibre des tensions musculaires dans le mouvement.

    A cela s’ajoute les particularités anatomiques variant en fonction des personnes (ex: souplesse, longueur des os, dysplasie de la hanche etc.).

  • La course à pied : A l’inverse du squat, la course à pieds peut conduire à un syndrome rotulien dont l’origine se situe dans le vaste externe, sur-développé par rapport au vaste interne des quadriceps.

    C’est la foulée du coureur qui est ici responsable du syndrome rotulien. Ce sont des appuis beaucoup trop axés sur l’extérieur qui favorisent le travail du vaste externe au détriment du vaste interne des quadriceps.

    La course en dénivelé pourra également venir provoquer ou aggraver le syndrome rotulien.

    Notez que ces exemples sont des cas d’écoles, c’est à dire simplifiés pour faciliter la compréhension du syndrome rotulien dont les causes, du fait des nombreuses interactions musculaires et articulaires, peuvent parfois être difficiles à identifier même pour les professionnels de santé.

Symptômes du syndrome rotulien

Le syndrome rotulien se manifeste classiquement par une douleur vive dans ou sous la rotule au moment de la flexion du genou. Il peut également s’installer progressivement en se manifestant d’abord par des craquements et des grincements de la rotule au cours de la pratique sportive.

Le syndrome rotulien peut également s’installer progressivement en se manifestant d’abord sur d’autres tissus mous c’est à dire les muscles et tendons. Ces autres tissus mous peuvent en effet être grandement sollicités pour compenser les déséquilibres de tensions musculaires durant l’effort.

Parmi les muscles et tendons couramment touchés on retrouve le piriforme, le psoas iliaque, le fascia lata ou encore le fessier moyen. Cette compensation musculaire et tendineuse se constate le plus souvent via des crampes ou des inflammations (ex : syndrome du piriforme, parfois confondu avec la sciatique).

Lorsque le syndrome rotulien est clairement installé, la douleur peut également être ressentie au repos en position assise sous la forme de brûlures et de picotements autour de la patella (rotule du genou).

A titre d’exemple, j’ai moi même souffert d’un syndrome rotulien du genou gauche (jambe forte) ayant été provoqué par de mauvaises habitudes au squat. Les tout premiers symptômes se sont manifestés via des crampes au psoas iliaques gauche.

Les symptômes ont ensuite évolué vers une inflammation du psoas. Après des soins apportés aux psoas via des étirement et un renforcement musculaire de ceux-ci, les symptômes ont évolué en syndrome du piriforme du côté gauche.

Enfin après des soins apportés au piriforme, le syndrome rotulien s’est enfin manifesté par une vive douleur du genou gauche et des grincements à la flexion pendant et en dehors de l’entraînement ainsi qu’une brûlure autour de la patella et dans le bas du fascia lata en position assise prolongée.

Mon exemple est assez parlant en termes de compensations musculaires et tendineuses. Malheureusement le syndrome rotulien n’a été identifié qu’à l’apparition de la douleur au genou alors qu’il aurait pu être identifié bien avant. En effet presque 1 an s’est écoulé entre les premiers symptômes et l’apparition de la douleur au niveau de la rotule.

Ainsi le syndrome rotulien peut être complexe à diagnostiquer et trompeur du fait de la compensation préalable des autres tissus mous. Il ne sera souvent diagnostiqué que lorsque les déséquilibres musculaires seront bien installés et qu’ils provoqueront des douleurs au niveau de la rotule.

Comment soigner un syndrome rotulien ?

Heureusement pour les sportifs, le syndrome rotulien a été largement étudié en médecine, plus particulièrement en kinésithérapie (1).

Le premier vrai conseil qui puisse être donné est de demander à son médecin généraliste une ordonnance afin de consulter un kinésithérapeute du sport et exerçant de préférence dans une clinique du sport. Les ostéopathes ne sont pas compétents pour traiter ce type de syndrome.

Comme nous l’avons vu, le diagnostic est complexe et les soins nécessaires au syndrome rotulien peuvent également l’être. L’intervention d’un kinésithérapeute du sport disposant d’une expérience suffisante est indispensable. C’est en clinique du sport que vous avez le plus de chance de trouver ces kinés habitués à soigner le syndrome rotuliens chez leur patients.

Le processus de soin se fait classiquement en 3 étapes :

  • Suppression de l’inflammation : Les soins débutent par l’arrêt total de l’activité physique et par le traitement de l’inflammation (médicaments anti inflammatoires et application de froid). L’application de poches de froid donne d’excellents résultats sans les désavantages des traitements médicamenteux.

  • Le rééquilibrage des tensions musculaires : Le rééquilibrage des tensions musculaires peut intervenir dès la phase de suppression de l’inflammation via des étirements spécifiques. L’idée est de créer une sorte de remise à zéro des tensions musculaires et tendineuses afin de préparer sur de bonnes bases l’étape suivante de rééducation et de renforcement musculaire.

    Ici la majorité des muscles des jambes, hanches, et fessiers seront étirés.

    C’est durant cette étape que seront identifiés les “points de tensions” des tissus mous et qui permettront de déterminer quels seront les muscles à rééduquer et renforcer dans la dernière étape de soin. Les étirements sont nombreux et doivent être réalisés avec sérieux. C’est l’une des raisons pour laquelle le suivi d’un kiné du sport est indispensable.

  • Renforcement musculaire et rééducation moteur : Cette étape est également très importante. Elle consiste à dans un premier temps renforcer les muscles faibles ayant forcé le corps à compenser avec d’autres muscles. Dans un second temps un travail de rééducation moteur est effectué, il consiste à réapprendre les mouvements en forçant la sollicitant des anciens muscles faibles. Cela afin que dans l’avenir, ils réalisent leur part normale du travail dans la réalisation des mouvements.

    Ici la reprise des exercices où se manifestait la douleur peut se faire de manière progressive en parallèle de la rééducation.

Dans mon cas, il a été nécessaire renforcer le fascia lata, le fessier moyen ainsi que le vaste externe. A l’inverse il a fallu réduire le travail du vaste interne et améliorer sa souplesse. Au niveau rééducation moteur, il a été nécessaire d’adopter une position sollicitant davantage le vaste externe et à contracter volontairement le fessier durant les exercices de squat.

La rééducation est difficile et s’étend à long termes. Les bonnes habitudes doivent être conservées et entretenues sous peine de voir réapparaitre le syndrome rotulien.

Sources et études scientifiques citées dans l’article

  • (1) Lucas R. Nascimento / Luci F. Teixeira-Salmela / Ricardo B. Souza / Renan A. Resende, “Hip and Knee Strengthening Is More Effective Than Knee Strengthening Alone for Reducing Pain and Improving Activity in Individuals With Patellofemoral Pain: A Systematic Review With Meta-analysis”, Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, Published Online: December 31 2017, Volume 48, Issue 1, Pages19-31 , https://www.jospt.org/doi/full/10.2519/jospt.2018.7365